Appartenir à l’islam sans paraître musulmans : le dilemme des alévis en Turquie
Orient XXI > Magazine > Samim Akgönül > 25 juinQuelle sera l’attitude des alévis de Turquie lors de l’élection présidentielle du mois d’août prochain ? Au nombre de 10 à 15 millions sur 74 millions d’habitants, leur religion syncrétique emprunte à l’islam chiite mais aussi au christianisme et à des rites anatoliens pré-islamiques. Partagés sur l’attitude à tenir vis-à-vis de l’État, entre demande de reconnaissance comme religion à part entière et adhésion à une laïcité kémaliste, ils ne se reconnaissent dans aucun des deux principaux candidats.
« Si être alévi est aimer Ali, alors je suis le premier des alévis », déclarait le très sunnite premier ministre de Turquie Recep Tayyip Erdoğan en juillet 2013 en réponse aux revendications des alévis de Turquie1. Le fait même qu’il puisse prononcer une telle phrase montre combien il est difficile de définir cette communauté. Les alévis constituent la plus grande minorité religieuse de Turquie avec, selon les estimations, 10 à 15 millions d’adeptes, mais ils n’ont pas le statut de minorité.
En réalité, cette nécessité de définir ce qu’est l’« alévité » est un besoin nouveau, apparu à partir des années 1960 avec l’urbanisation des alévis, d’appartenances et de comportements multiples, et l’uniformisation croissante de l’alévisme comme une confession.